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Au fil des jours...
1 avril 2008

"L'adolescence : le plus bel âge ?"

Vendredi soir, je suis allée écouter une conférence très intéressante ! "L'adolescence : le plus bel âge ?" par le Docteur Xavier Pommereau.

Il a développé un long point sur les limites et j'ai trouvé ses propos très intelligents. Il reprend le raisonnement développé par le philosophe Jean-Luc Nancy dans un article intitulé Rives, bords, limites (de la singularité) :

"(...) En elle-même, elle n’est rien. Le limes latin désigne d’abord le chemin qui passe le long d’un domaine. Un côté du chemin appartient au dominium, l’autre appartient à un autre, ou au dominium public, ou bien à un no man’s land qui échappe à tout imperium. Le chemin lui-même est la limite – ou plutôt celle-ci est tour à tour l’insaisissable ligne médiane du chemin ou ce dernier dans l’empan de sa largeur. La limite est donc l’intervalle, à la fois écarté et sans épaisseur, qui espace la pluralité des singuliers, elle est leur extériorité mutuelle et la circulation entre eux.(...)"

Je suggère la lecture de cet article aux amateurs de philosophie.

X. Pommereau en conclut que mettre des limites aux ados (aux enfants) est en effet essentiel, mais qu'il faut entendre le terme "limites" non pas dans le sens "frontières à ne pas dépasser sous peine de sanction" comme on l'entend habituellement, mais plutôt dans le sens "espaces de discussion où chacun va exprimer ses propres besoins dans le but de convenir d'un modus vivendi"... C'est donc un "espace" vivant, qui évolue nécessairement avec le temps et non pas une chose fixée une fois pour toute, ni même surtout une décision unilatérale.

Il a ajouté que les parents qui pensent pouvoir s'exonérer de fréquentes confrontations de points de vue avec leurs enfants sont à côté de la plaque parce que c'est tout bonnement impossible (sauf à penser que les somatisations sont une meilleure solution ?)...

enfants

Je suis en train de lire "Quand l'adolescent va mal" ; il l'a écrit en 1997 je crois donc c'est un peu "daté" par rapport à ce qu'il dit aujourd'hui mais pas tant que ça... Je trouve ce livre intéressant et il peut donner des "clés" même pour quand "l'adolescent va bien !"...

Bon, à mon avis, on peut largement mettre de côté les explications freudiennes qu'il donne au sujet de certains "troubles", tel que l'anorexie, mais globalement ses propos me semblent cohérents ET sensés...

... ce qui me rassure !

En effet, cela me fait du bien quand je découvre des "spécialistes" qui ont des discours, des visions des choses, des conseils qui partent bien du postulat que les enfants, les ados, sont avant tout des personnes que nous devons respecter complètement parce que c'est la seule manière de les aider à grandir sans qu'ils ne "se perdent" sur le chemin de leur autonomie, même et surtout dans leurs périodes d'intenses dépendances par rapport à leurs parents, aux adultes.

Et ce respect, on l'obtient, on le construit dans l'espace de discussions autour de nos besoins respectifs, ... C'est vrai entre adultes, mais c'est vrai dans toutes relations, même et surtout celles entre nos enfants et nous-mêmes... C'est en prouvant quotidiennement à nos enfants que l'on entend et que l'on respecte leurs besoins que nous leur permettons de se sentir uniques et dignes de confiance en eux-mêmes. Et ces besoins, il ne faut pas perdre de vue qu'ils peuvent être des besoins de plus de liberté ou des besoins de protection, ou de simple présence... et qu'ils sont extrêment mouvants puisque les enfants ont la particularité d'être dans une immense phase de maturation tant physique que psychique... Et l'espace de discussions permet également à l'adulte de mettre ses propres besoins sur la table et d'apprendre progressivement à l'enfant à les entendre et les respecter aussi... Le hic, c'est que bien souvent, n'ayant nous-même fréquemment rencontré que la "contrainte" comme seul mode de dialogue entre enfants et adultes, on ne perçoit pas que entendre et respecter les besoins d'un enfant, ce n'est pas les intégrer, les faire siens... Ecouter et respecter ne signifie pas se faire "canibaliser"...

Les principes de ce type de dialogues dans le respect de l'autre, on les retrouve très décortiqués dans les ouvrages qui parlent de communication non violente.

Outre, le Dr Pommereau, les ouvrages d'Isabelle Filliozat sont d'excellents médiateurs vers des relations moins encombrées de scories... Son dernier en date "Il n'y a pas de parent parfait" (titre un brin ambigü à mon sens...) est vraiment intéressant à lire.

Je suis en revanche ulcérée de constater que seuls les vieux barbouses aux visions plutôt moyennageuses*  de la relation parents/enfants arrivent à occuper le devant de la scène médiatique, et donc continuent à colporter des propos qui ont un effet délétère sur les futurs adultes que les parents sous influence ont en charge d'élever... Vous trouverez chez Pascale un point de vue que je partage entièrement sur celui qui se distingue en ce printemps plutôt maussade...

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* : Vous savez, l'époque des rois "de droit divin" ayant le droit de vie ou de mort sur le "bon" peuple qu'ils étaient sensés protéger et où, en lieu et place de la protection, l'asservissement était le lot le plus répandu ?

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Commentaires
I
Je trouve ça très intéressant. Je ne suis pas très précise aujourd'hui, un peu fatiguée, mais j'aime bien ton approche.
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M
Je viens à peu près 3 fois par jour sur ton blog, et c'est par lui que j'ai vu l'article sur le blog de Pascale (j'y vais aussi de temps en temps, mais celui-là, je ne l'avais pas vu...).<br /> Ah la la... Quel abruti ce Naouri!
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M
Comme d'habitude c'est un plaisir de te lire!
Répondre
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